Développement des Aptitudes
de la personne lésée-cérébrale.
(Article à paraître)
Les travaux de l'Institut de Recherche sur les Handicaps (IRH) ont conduit Philippe RANCHON à remettre en cause à la fois la notion de lésion cérébrale irréversible et les attitudes pédagogiques ou éducatives à l'égard de ces personnes porteurs de ces lésions.
Dans l'approche de P. Ranchon, il n'y a pas de fatalité de la lésion et donc pas d'attitude passive par rapport à l'état de la personne concernée par le trauma- crânien. Par conséquent il est important de prermettre à une personne en même temps de se réorganiser par rapport à un traumatisme violent et de développer des outils (des "comportements mentaux") afin de pouvoir s'adapter à une situation complètement nouvelle.
Selon P. Ranchon, nombre de personnes lésées cérébral réputées asociaux, retardées, déréalisées au vu de la pauvreté de leurs acquisitions ou de leurs productions, sont en fait des personnes qui n'ont pas pu ou ne peuvent affronter efficacement les tâches proposées en raison moins de déficits organiques (qui existent mais dont l'importance est souvent exagérée), que du manque de ce qu'il appelle 'l'Expérience de l'Apprentissage de la Mobilisation", véritable décodeur du présent en vue de s'adapter aux exigences de la situation.
On retrouve l'opposition freudienne classique entre réponse alloplastiques et réponses autoplastiques aux changements de l'environnement.
Les premières consistent à transformer l'environnement lui-même afin qu'il s'adapte à la personne. Dans ce cas de figure, la personne lésée-cérébrale est placée passivement au milieu d'un univers conçu pour lui demander le moins d'efforts possible.
Les secondes consistent en une modification de l'individu lui-même, confronté à des situations pour lesquelles il doit chercher et construire une réponse.
Ces conduites autoplastiques exigent donc, chez le sujet lésé-cérébral, de dépasser se que P.Ranchon appelle "le mur du Soi", de pouvoir accéder à la réalité, d'y être confronté, de l'accepter et de la transformer.
Or le manque ou l'insuffisance de conduites autoplastiques est, le plus souvent, associé au Syndrome de la Limitation d'Activité défini par l'IRH comme "une disposition réduite à être actif, même dans des circonstances favorables".
Cette notion joue un rôle clé dans l'approche développée par P. Ranchon.
Pour lui, tout potentiel de réalisation peut-être développé grâce à un "agent de changement" qui va modifier l'organisation structurelle de la personne. Cet agent de changement, va, dans le cadre codifié de l'Expérience de l'Apprentissage de la Mobilisation, organiser et amplifier les interactions entre la personne concernée par une lésion cérébrale et l'environnement.
Dans l'environnement proche d'une personne cérébro-lésée, ces interactions sont souvent déficientes (manque de temps, de compétences, d'espoir sur une changement de comportement), ce qui développe un sentiment d'échec puissant (le "Mur du Soi") et bloque tout processus de plasticité neurologique.
Le postulat de base de Philippe Ranchon est que, si le manque ou l'insuffisance d'interactions chez la personne lésée-cérébrale, a entraîné le manque ou l'insuffisance de Mobilisation Structurelle des Aptitudes, celle-ci peut-être obtenue, même chez la personne ayant un long passé d'échecs, par un "Programme de Mobilisation des Aptitudes" mettant en jeu une expérience systématique d'interactions afin de développer le potentiel de réalisation.
Ce programme, conçu comme la matérialisation spécifique de l'Expérience de l'Apprentissage de la Mobilisation, comprend d'abord une phase d'Evaluation du Potentiel de Réalisation (EPR), créée par l'association AIR à Besançon, puis une phase de formation de l'environnement et des aides humaines à domicile et ensuite une phase d'application et de contrôles.