A 2 ans ½, Pierre-Marie tombe à la renverse à l’école et subit un traumatisme crânien qui n’a été ni décelé ni traité en tant que tel. Pierre-Marie perd alors ses acquis, ne réagit plus, ne mange plus, ne parle plus. Ce traumatisme crânien s'est aggravé à l’âge de 17 ans, à la suite du décès de son grand-père.
A partir de l’Evaluation du Potentiel de Réalisation de Pierre-Marie effectué durant 3 jours à domicile, nous avons proposé de mettre celui-ci au centre d’une aventure familiale, qui va rompre avec le cadre habituel de vie, qui va donner un sens à l’action et qui pourra être portée non-seulement par la famille, mais aussi par un environnement plus large.
Cette aventure, qui est aussi au cœur des valeurs de la famille, est de pouvoir accomplir le pèlerinage du Chemin de Compostelle soit 1530 Kms du Puy en Velay à Santiago de Compostelle, à raison de 4 km/heure de marche en moyenne et de 5 heures par jour. C'est donc un long chemin de 3 mois que Pierre-Marie et sa mère vont entreprendre à partir du 27 avril 2014.
C’est autour de cet objectif : arriver à Compostelle, que nous avons construit le programme d’intervention.
L’objectif opérationnel de ce programme est de permettre à Pierre-Marie de dépasser ce que nous appelons le « Mur du Soi » et de développer sa plasticité cérébrale.
Ce mur est bâti sur une image de soi négative, sur les doutes, les peurs, les angoisses, les douleurs, les échecs, les fatigues, les blocages, les inhibitions ou désinhibitions, la dépression.
Toute initiative va se cogner contre ce mur et rebondir vers la personne qui va alors adopter des comportements de fuite afin d’éviter de se retrouver dans la même situation. Le « Mur du Soi » va bloquer toute possibilité d’accès à la réalité et donc toute possibilité de travailler avec cette réalité, de la connaître, de l’apprivoiser, de la transformer.
Le Chemin de Compostelle va être le support d’une organisation, d’une structuration, d’une planification des situations, tout en accompagnant Pierre-Marie à chaque instant afin de pouvoir contourner le « Mur du Soi » source de passivité et de dépression.
Le programme décidé en étroite collaboration avec la famille a pour objectif de développer 5 aptitudes de base :
a) Développement de l’attention.
Sans attention, l’information que nos sens captent – ce que nous voyons, entendons, sentons, respirons et goûtons – ne s’enregistre pas dans l’esprit. L’entraînement à l’attention permet d’intensifier l’activité des circuits neurologiques et va provoquer des changements dans la structure et le fonctionnement du système nerveux.
b) Développement de la pensée.
Comprendre ce que j’ai fait, ce que je suis en train de faire, ce que je ferai, savoir réfléchir, raisonner, anticiper, analyser, organiser nos idées, c’est le travail spécifique de la pensée.
Cette activité qui demande un fort niveau de concentration est un excellent exercice pour le développement neurologique et pour le développement du langage.
c) Développement de la temporalité.
Il s‘agit d’aller au-delà du moment présent, de dépasser le besoin immédiat et de sa satisfaction et en même temps d’arriver à se projeter dans une durée (jour de la semaine, heure, temps passé…)
En développant les relations entre passé/présent/futur, on se place dans une vie qui a un sens.
d) Développement de l’estime de soi.
Retrouver confiance en soi, ne plus être passif devant une situation, trouver en soi le désir de vivre, se donner un but à atteindre, retrouver une relation à autrui, ce sont les objectifs du travail sur le développement de l’estime de soi.
e) Développement de la force vitale.
La résistance à l’effort physique et mental, la sensation de bien-être, le développement du goût, de l’odorat, de la vision, la persévérance, le sentiment d’appartenance, la motivation, la joie, font partie des éléments qui constituent la force vitale.